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Cerisier

Approche Ericksonnienne des Processus conduisant à la mise en place de comportements addictifs et leur accompagnement psychothérapeutique

  • Photo du rédacteur: laurence dubois
    laurence dubois
  • 21 août
  • 6 min de lecture

Ce post s’intéressera plus particulièrement à l’alcoolisme chronique, au tabagisme et au recours aux psychotropes, « drogues dures » héroïne, cocaïne, crac… comme seule solution envisageable aussi curieux que cela puisse paraitre pour vivre.

Cette publication fait suite à la première très généraliste.

J’ai choisi l’histoire de Sébastien car elle me semble typique.

Bien sûr il n’est pas question à travers son témoignage de mettre qui que ce soit dans une case : « a telle cause tel effet » car chaque histoire est différente et tout à chacun peut réagir différemment face à une même situation si tant est que les situations se ressemblent, mais juste de comprendre le processus addictif comme cette tentative de solution pour « survivre ».

Sébastien a aujourd’hui 45 ans.

Quand je le rencontre pour la première fois il s’alcoolise, il consomme de la cocaïne, du cannabis et d’autres substances.

Il a fait plusieurs cures dans des unités spécialisées.

Cela n’était pas vraiment à sa demande. Je m’explique : les problèmes de santé consécutifs et graves relatifs à ses addictions mettaient sa vie en danger.

Il se scarifiait régulièrement.

Son comportement pouvait changer en quelques secondes passant de la joie à une agressivité voire de la violence physique et verbale vis-à-vis de son entourage.

Ses passages à l’acte ont conduit sa mère à le faire hospitaliser sous injonction préfectorale deux fois.

Sébastien est titulaire d’une licence de biologie.

Il est très intelligent et curieux de tout, ce qui l’a amené rapidement à se poser des questions sur le monde dans lequel nous vivons et donc très tôt à s’investir dans des mouvements anarchistes.

Je le vois comme un précurseur dans plusieurs domaines.

C’est à la suite d’une altercation avec un professeur lors d’un examen de biologie (en effet celui-ci lui demandait de faire quelque chose qui n’était pas en accord avec l’amour qu’il a des animaux) qu’il décide de tout arrêter et entre dans ce que certains appels des processus d’errance.

D’ailleurs il suit son frère souffrant de la même pathologie.

Ils décident de vivre en squat comme pour se créer une autre famille.

Il a toujours eu des chiens comme compagnon de vie.

Il s’est battu entre autres chose pour les personnes immigrées sans-papiers, pour tous les exclus, « les parias », recupère des chiens victimes de violence et les fait soignés….

Aujourd’hui encore sa passion pour la botanique ne l’a pas quitté.

Sa relation avec les femmes est compliquée.

Revenons sur son histoire familiale

Seb est le deuxième enfant d’une fratrie.

A 16 ans sa maman issue d’une famille de notable (des pharmaciens) rencontre un homme dont elle est éperdument amoureuse. Elle est enceinte d’un premier enfant Gérard. Sa famille l’oblige à se marier avec cet homme. Puis un an après, elle met au monde. La réaction familiale ne se fait pas attendre.

Elle est rejetée par sa famille. Elle aurait pu suivre le même parcours que les autres mais la vie en a voulu autrement.

Elle élève ses deux enfants avec un père absent alcoolique et infidèle.

Seb dit se souvenir que son père l’emmenait de bars en bars.

Très tôt à 13 ans, il découvre l’alcool mais surtout les effets que cela produit sur lui qui est introverti.

Il se sent plus sociable, va vers les autres et oublie le climat familial et surtout la souffrance de sa maman qui travaille bien sûr mais occupe un poste bien en deçà de ses compétences.

Il développe dès son plus jeune âge un sentiment d’injustice. Ses grands-parents vivent dans le luxe. Son père et sa mère dans une extrême précarité mais sa maman les aime plus que tout.

C’est cet amour inconditionnel qui le conduira vers un processus de guérison alors que le suicide ne semblait être la seul issus pour lui.

Son addiction n’était-t-elle pas d’ailleurs un suicide à petit feu ?

Il obtient avec une facilité déconcertante son baccalauréat puis quitte le Berry où il habite pour venir étudier à Rennes la biologie.

C’est un conflit avec un professeur qui lui demandait de faire quelque chose de contraire à ses principes qui met un arrêt brutal a ses études et il « choisi » de vivre dans la rue avec des chiens.

L’alcool, la drogue deviennent son quotidien.

Il garde malgré tout un lien avec le monde « réel » par le bais de la presse écrite. Il continue à s’informer.

Lors d’une ultime crise alors qu’il est chez sa maman qui a refait sa vie avec un homme bienveillant, qu’elle finit par le faire hospitaliser en psychiatrie.

La violence de ce qu’il subi en institution le marque à tout jamais : Prescription de neuroleptiques, contentions, chambre d’isolement. Un vrai calvaire qui alimente une fois de plus son sentiment d’injustice et d’incompréhension : Pourquoi on me donne ça, je ne suis pas fou…comment ce qu’on appel du soin peut désocialiser autant, rajouter du trauma au trauma.

Il se donne comme défi d’arrêter les neuroleptiques pour pouvoir se reconstruire en ayant les idées claires.

Il continue par compte à prendre un antidépresseur pour lutter contre un état dépressif omniprésent qui s’accompagne d’angoisses.

Il utilise parfois du valium dont il a fait l’expérience lors de ses périodes de sevrage.

Il y a 10 ans, il finit par trouver un petit logement de 15 m2 « ça me suffit… je n’ai besoin de rien »

Il le remplit de tout un tas d’objet : Syndrome de Diogène ? Non.

Il m’’explique que le but du jeu est d’envahir son espace personnel « sa bulle » afin que personne ne parvienne à y entrer.

Ses tentatives échouent, il est racketté, volé, frappé…,

Il ne dort plus réfléchi, réfléchi, réfléchi encore…

Jusqu’au jour où il parvient l à poser des limites aux autres. Il fait le dur constat que ses amis n’en sont pas en fait.

Qu’il doit apprendre à vivre seul, entouré de personnes bienveillantes pour se donner une chance de s’en sortir.

Couper ses liens toxiques devient pour lui une évidence même si cela relève d’un processus de deuil très douloureux à faire.

Il accepte de prendre son traitement d’antidépresseur et parfois a recours au valium (médicament prescrit au cours de ses différentes cures.

Il diminue sa consommation d’alcool, de tabac et de drogues.

Il commence à se projeter : à avoir des rêves de changement.

Un jour il me dit :

« Et si je reprenais un cursus universitaire pour accompagner des personnes qui ont eu un parcours similaire et qui ne parviennent pas à s’en sortir ?

J’ai peut-être quelque chose à leur transmettre pour qu’ils ne finissent pas comme moi.

Qu’ils puissent fonder une famille, avoir des enfants et un travail. »


Le protocole psychothérapeutique que j’ai proposé à Seb est issus du Modèle de l’Ecole de Palo Alto (Thérapies brèves), de ce que j’ai compris de mon Mentor Milton Erickson et de tous mes formateurs Ernest Rossi, Teresa Robles, Docteur Victor Simon, Docteur Cudicio, Boris Cyrulnik…je ne peux pas tous les nommer mais il ne se passe pas une journée sans que j'y pense


                Première étape : l’Alliance Thérapeutique

Je considère après plus de 30 ans d’exercice que c’est de loin ce qui est le plus difficile à mettre en place avec une personne souffrant d’addiction.

Il me semble que les résultats dépendront là plus qu’ailleurs (c’est à dire chez d’autres personnes qui somme toute en ont besoin et cela fait partie de notre travail de soignant) de la qualité du lien entre la personne et le malade.

J’ai à chaque fois la sensation de devoir apprivoiser un animal en cage.

Cette métaphore me semble illustrer au mieux mon propos.

Les dompteurs en savent beaucoup plus que moi à ce sujet.

Il faut beaucoup de patience, parfois des blessures, des coups de pattes ou de dents pour pouvoir accompagner dans la bonne direction qui, ici bien sûr est le chemin de la guérison.


               Deuxième étape : la Définition d’Objectifs à court terme

« Quel serait le plus petit changement que vous pourriez mettre en place ? »

Allant ainsi du plus petit au plus grand.

Le plus grand étant dans certains cas de décider une ultime mais dernière fois de faire une cure dans une structure de soin car entre temps la personne a mis en place ce qu’il faut lors du processus thérapeutique pour que cette ultime tentative coïncide avec la remise en mouvement de la personne.

Elle peut ainsi passer d’un processus mortifère de déstructuration, de suicide à petit feu à un processus de vie.


                Troisième étape : Faire Alliance avec un membre de la Famille : La Thérapie Familiale

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et la Thérapie Systémique

Cela peut se faire par téléphone ou en présentiel en recevant les membres de la famille ou les amis choisis par la personne en parcours de soin.


Quatrième étape : Récréer du lien social

Evaluer les possibilités de se remettre en lien avec le monde extérieur.

Apprendre ou réapprendre à créer du lien social

 Comment ?

En s’investissant dans des associations par exemple…en renouant avec une activité qui tenait a cœur avant la descente en enfer…


                Quatrième étape : L’Hypnothérapie et la Sophrologie pour guérir les blessures

Je construis les métaphores en fonction du langage du patient et de la compréhension que j’ai de sa souffrance.


Cinquième étape : la vie amoureuse et sexuelle

Elle me semble être importante à prendre en compte, à interroger et à apporter des solutions.

Mon expertise en sexologie me permet de le faire.


Je voulais terminer cette présentation de mon travail : « où je me définis comme un thérapeute accompagnant tous ceux qui en font la demande d’une rive à une autre, comme une sorte de passerelle » en précisant que tout ceci ne peut se faire qu’en lien avec les soignants des centres spécialisés en addictologie et ou avec le médecin psychiatre référent.

Certaines propositions de santé alternatives et holistiques me semblent tout à fait indiquer comme par exemple l’approche de Santé Ayurvédique permettant aux personnes de se reconnecter ici et maintenant avec leur corps, leurs sensations corporelles et leurs émotions lors des massages.

 

 

 

 
 
 

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